Pour finir, voici les histoires courtes de Aiji Yanagi.
【Bulle-mémoire A】
Alors que je sortais du bain et que je me séchais les cheveux, mes yeux se sont arrêtés sur ce qu’il y avait sur la table.
C’était le puzzle qui occupait Yanagi-san depuis quelques jours.
――En revenant du travail, j’avais pris l’habitude de passer souvent à l’agence, qui servait aussi de résidence pour Yanagi-san.
Normalement, nous mangeons notre dîner ensemble avant que je rentre la maison, mais maintenant que Kazuki est à l’université et qu’il pris l’habitude de rentrer plus tard, il arrive que je reste pour la nuit comme aujourd’hui.
(Yanagi-san qui se bat contre un puzzle, c’est assez mignon.)
A chaque fois que j’entre dans cette pièce et que je vérifie la progression du puzzle, il semble encore loin d’être terminé.
Pourtant, quand je vois les quelques pièces qui vont ensemble, ça me rend en quelque sorte heureuse.
(Ah… Celle-là, elle va peut-être ici.)
Je pris une pièce que je remarquai par hasard, pour essayer de la placer sur le puzzle.
Malgré mon envie d’essayer, ma main s’arrêta.
…Yanagi-san est actuellement en train de prendre son bain juste après moi.
(Si je m’en mêle, il va peut-être s’énerver.)
Yanagi-san est une personne ouverte d’esprit, mais pour ce qui est des puzzles, il est assez susceptible.
(Mais, j’aimerai bien voir le voir en colère… Enfin, c’est grave…)
Si ce n’est pas comme si je n’avais pas envie de le mettre en colère. C’est juste que j’aime l’expression calme qu’il veut toujours me montrer habituellement.
Après avoir souri à ces pensées, je remis la pièce de côté.
――Puis, je sentis une odeur douce et agréable derrière moi.
「Qu’est ce que tu fais plantée là ?」
「Kyaa ?!」
Yanagi-san qui me montra son visage s’était rapproché sans que je m’en rende compte. Mon cœur a raté un battement à l’apparition soudaine de son visage de profil.
「…Tu es trop surprise. Est-ce tu as quelque chose à te reprocher ?」
「N-Non ! Je n’essayais pas de résoudre le puzzle de moi-même !」
Dans l’urgence de me justifier, je pus entendre un petit rire.
Alors que je devais avoir l’habitude d’entendre ce son, mon cœur rata tout de même un battement.
「Ça ne me dérange pas que tu essaie un peu. Vu le nombre de pièces.」
「…Mais, si je le termine, vous serez certainement en colère, n’est-ce pas ?」
「Eh bien, effectivement… Ça t’intéresse ? Il y en a encore d’autres auxquels je n’ai pas touché, tu peux en ramener chez toi.」
Sur ces mots, il se dirigea vers un placard qui semblait contenir des puzzles.
「Ce n’est pas ça. En fait… Je pensais juste que je voulais vous voir un peu en colère… pour une fois.」
En lui avouant la vérité, il fit les yeux ronds comme s’il avait été provoqué.
……Je l’ai encore fait. Même si je le faisais souvent intentionnellement, devant lui je devenais trop franche.
Yanagi-san était rarement ébranlé, mais quand si on le cherche, s’en remettre était difficile.
「… Tu veux m’énerver ?」
「Non, je voulais dire… Pas dans un sens bizarre.」
「Normalement, je le prendrais bizarrement… Le fait d’aimer se faire gronder.」
「Ce n’est pas vrai… !」
「Enfin, je comprends à peu près ce que tu veux dire. Mais… Il est difficile de s’énerver sur rien.」
Yanagi-san, qui accepta tout simplement la chose, posa sa main sur son menton.
Alors que j’étais en train de penser que j’aimais aussi son côté-là en le regardant de profil, nos regards se sont rencontrés.
「C’est un peu différent de se mettre en colère. Mais je peux te taquiner.」
「Ah…」
「Aujourd’hui, je vais faire en sorte de ne pas être gentil.」
「J-Je n’ai pas besoin de ce genre d’effort…!」
En sentant que c’était dans un sens différent de celui auquel je pensais, je m’empressa de secouer la tête.
「Ahah, c’est dommage. Dans ce cas, quoi d’autre ? Tu veux que je fasse quelque chose de particulier ?」
Comme d’habitude, il me chuchota des mots doux, en me caressant les joues.
Quand ses doigts chaleureux me touchent, j’ai toujours envie de lui transmettre ce sentiment.
「Plutôt que de me faire quelque chose en particulier… C’est moi qui ai envie de faire quelque chose pour vous.」
Une gouttelette venant de ses cheveux mouillés tomba au sol.
Les mots « Tout d’abord, séchez-vous les cheveux » qui me sont venus à l’esprit disparurent rapidement.
――En ce moment, je voulais être immergée par cette chaleur.
【Bulle-mémoire B】
Sur ma main caressant sa joue, la petite paume de sa main vint se poser tout doucement.
Comme nous étions debout tous les deux, elle me regarda naturellement par le haut avec des yeux intenses, ce qui me réchauffa intérieurement.
「Je sais que j’ai dit que je voulais vous voir en colère… Mais par dessus tout, j’aimerai pouvoir vous faire sourire de moi-même.」
「J’essaie toujours de retenir de sourire bêtement à cause de toi.」
「Ce n’est pas la peine de se retenir pourtant…」
Comme un léger contact n’était pas suffisant, j’utilisa mon autre main libre pour la rapprocher de moi en la prenant par la hanche.
Face à cette chaleur plus proche, un soupir de soulagement m’échappa.
「D’ailleurs, est-ce que vous supportez les chatouilles ?」
「Qu’est-ce qu’il y a, tout à coup… Tu veux essayer de me faire rire physiquement ?」
「Je me disais juste que ça devrait être mignon de vous voir faible face aux chatouilles.」
「Toi alors…」
Je me retint de dire qu’elle m’aimait beaucoup trop. Il était évident qu’elle allait acquiescer en disant que ce n’était pas un excès de confiance, mais la vérité avec un sourire.
Je ne pouvais pas affirmer garder mon contrôle face à ça.
「Est-ce que je crains les chatouilles ou pas…」
「Eh, Ah… Atten… Arrêtez !」
En faisant glisser ma main qui tenait sa hanche vers son flanc pour la chatouiller, elle se cramponna à son corps tremblant.
J’étais poussé par l’envie de faire comprendre cette petite-amie plus jeune que moi à quel point elle attirait les hommes avec cette réaction.
「Aah… Je suis inquiet pour pas mal de choses.」
「… Ah, il ne faut pas faire cette tête difficile. Tenez, ces rides entre les sourcils. On va encore vous prendre pour un papa.」
「Hé. Tu n’y vas pas par des pincettes.」
「Ahah. Ça veut dire que je veux vous voir sourire.」
「Vraiment…」
Je ne sais pas si c’est parce que je me suis calmé avec l’âge, ou que mon entourage ne cesse de me dire que je suis vieux, mais récemment je le pense.
Depuis que j’ai commencé à fréquenter Ichika, j’ai rajeuni définitivement… Ou plutôt, je ne pouvais pas rester adulte.
Je m’inquiète aussi du fait que ma petite amie soit beaucoup trop charmante, mais encore plus du fait de sourire plus souvent.
Emporté par le fait qu’elle apprécie que je montre mes sentiments, je ressens mon cœur s’en enrichir.
(De loin, on ressemble sans doute à un « couple-d’idiots »(バカップル). Je ne détestais pas cette partie de moi… Ou plutôt, je l’appréciais, c’est grave…)
「Ah… Je suis contente que vous souriez, mais à quoi pensez-vous ?」
「Hmm, eh bien… Plutôt que d’en parler debout, je vais te le dire au lit.」
Je soulevai Ichika dont les joues s’empourprèrent, puis je me déplaçai vers le lit comme annoncé.
Soudain, le puzzle posé sur la table entra dans mon champ de vision. Le puzzle inachevé, représentant le ciel de l’aube.
A chaque fois que j’arrivais à poser une pièce, j’ai l’impression que mes souvenirs avec elle s’accumulent.
Je me demande comment nommer cette rencontre. Cela n’a sûrement rien d’exceptionnel pour le monde. Un quotidien habituel, et du bonheur.
――J’ai compris que pour moi, c’était tout ce qu’il y avait de plus précieux.